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6 janvier 1922
Alain, Propos sur le bonheur (1928) 175
Propos sur le bonheur (1928)
LXXXIII
Savoir-vivre
21 mars 1911
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Il y a une politesse de courtisan, qui n'est pas belle. Mais aussi ce n'est
point de la politesse. Et il me semble que tout ce qui est voulu est hors de la
politesse. Par exemple un homme réellement poli pourra traiter durement et
jusqu'à la violence un homme méprisable ou méchant ; ce n'est point de
l'impolitesse. La bienveillance délibérée n'est pas non plus de la politesse ; la
flatterie calculée n'est pas de la politesse. La politesse se rapporte seulement
aux actions que l'on fait sans y penser et qui expriment quelque chose que
nous n'avons pas l'intention d'exprimer.
Un homme de premier mouvement, qui dit tout ce qui lui vient, qui
s'abandonne au premier sentiment, qui marque sans retenue de l'étonnement,
du dégoût, du plaisir, avant même de savoir ce qu'il éprouve, est un homme
impoli ; il aura toujours à s'excuser, parce qu'il aura troublé et inquiété les
autres sans intention, contre son intention.
Il est pénible de blesser quelqu'un sans l'avoir voulu, par un récit à
l'étourdie ; l'homme poli est celui qui sent la gêne avant que le mal soit sans
remède, et qui change de route élégamment ; mais il y a plus de politesse
encore à deviner d'avance ce qu'il faut dire et ce qu'il ne faut pas dire, et, dans
le doute, à laisser au maître de la maison la direction des propos. Tout cela
Alain, Propos sur le bonheur (1928) 176
pour éviter de nuire sans l'avoir voulu ; car, s'il juge nécessaire de piquer un
dangereux personnage au bon endroit, libre à lui ; son acte relève alors de la
morale à proprement parler, et non plus de la politesse.
Impolitesse est toujours maladresse. Il est méchant de faire sentir à
quelqu'un l'âge qu'il a ; mais si on le fait sans le vouloir, par geste ou
physionomie, ou parole trop peu méditée, on est impoli. Marcher sur le pied
de quelqu'un est violence si on le fait volontairement ; si c'est involontai-
rement, c'est impolitesse. Les impolitesses sont des ricochets imprévus ; un
homme poli les évite et ne touche qu'où il veut toucher ; il n'en touche que
mieux. Poli ne veut pas dire flatteur nécessairement.
La politesse est donc une habitude et une aisance. L'impoli c'est celui qui
fait autre chose que ce qu'il veut faire, comme s'il accroche des vaisselles ou
des bibelots ; c'est celui qui dit autre chose que ce qu'il veut dire, ou qui
signifie, par le ton brusque, par la voix forte inutilement, par l'hésitation, par
le bredouillement, autre chose que ce qu'il veut signifier. La politesse peut
donc s'apprendre, comme l'escrime. Un fat est un homme qui signifie sans
savoir quoi, par extravagance voulue. Un timide est un homme qui voudrait
bien ne pas être fat, mais qui ne sait comment faire, parce qu'il aperçoit
l'importance des actes et des paroles ; aussi le voyez-vous se resserrer et se
contracter, afin de s'empêcher d'agir et de parler ; effort prodigieux sur lui-
même, qui le rend tremblant, suant et rouge, et encore plus maladroit qu'il ne
serait au naturel. La grâce, au contraire, est un bonheur d'expression et de
mouvement qui n'inquiète et ne blesse personne. Et les qualités de ce genre
importent beaucoup pour le bonheur. Un art de vivre ne doit point les
négliger.
21 mars 1911
Alain, Propos sur le bonheur (1928) 177
Propos sur le bonheur (1928)
LXXXIV
Faire plaisir
8 mars 1911
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Je parlais d'un « art de vivre » qu'il faudrait enseigner. J'y mettrais cette
règle : « faire plaisir ». Elle me fut proposée par un homme que j'ai connu
assez vif de ton, et qui a réformé son caractère. Une telle règle étonne au
premier moment. Faire plaisir, n'est-ce pas être menteur, flatteur, courtisan ?
Entendons bien la règle ; il s'agit de faire plaisir toutes les fois que cela est
possible sans mensonge ni bassesse. Or, presque toujours cela nous est
possible. Quand nous disons quelque vérité désagréable, avec une voix aigre
et le sang au visage, ce n'est qu'un mouvement d'humeur, ce n'est qu'une
courte maladie que nous ne savons pas soigner ; en vain nous voulons ensuite
y avoir mis du courage ; cela est douteux, si nous n'avons risqué beaucoup, et,
d'abord, si nous n'avons pas délibéré. D'où je tirerais ce principe de morale :
« Ne sois jamais insolent que par volonté délibérée, et seulement à l'égard d'un
homme plus puissant que toi. » Mais sans doute vaut-il mieux dire le vrai sans
forcer le ton, et même, dans le vrai, choisir ce qui est louable.
Il y a à louer presque dans tout ; car les vrais mobiles, nous les ignorons
toujours, et il n'en coûte rien de supposer plutôt modération que lâcheté, plutôt
amitié que prudence. Surtout avec les jeunes, mettez tout au mieux dans ce qui
Alain, Propos sur le bonheur (1928) 178
n'est que supposition, et faites-leur un beau portrait d'eux-mêmes ; ils se
croiront ainsi ; ils seront bientôt ainsi ; au lieu que la critique ne sert jamais à
rien. Par exemple, si c'est un poète, retenez et citez les plus beaux vers ; si
c'est un politique, louez-le pour tout le mal qu'il n'a pas fait.
Il me revient ici un récit d'école maternelle. Un tout petit garnement, qui
ne faisait jusque-là que mauvaises farces et gribouillage, un jour fit
proprement le tiers d'une page de bâtons. La maîtresse passait dans les bancs
et donnait des bons points ; comme elle ne remarquait seulement pas ce tiers
de page tracé avec tant de peine : « Ah ben m... alors ! » dit le petit garne-
ment ; et il dit la chose tout crûment, car cette école n'est pas au faubourg
Saint-Germain. Sur quoi la maîtresse revint à lui et lui donna un bon point
sans autre commentaire ; il s'agissait de bâtons et non de beau langage.
Mais ce sont des cas difficiles. Il y en a tant d'autres où l'on peut toujours,
sans hésitation, sourire et se montrer poli et prévenant. Si l'on vous bouscule
un peu dans une foule, ayez comme règle d'en rire ; le rire dissout la bous-
culade, car chacun rougit d'une petite colère qui lui venait. Et vous, vous
échappez peut-être à une grande colère, c'est-à-dire à une petite maladie.
C'est ainsi que je concevrais la politesse ; ce n'est qu'une gymnastique
contre les passions. Être poli c'est dire ou signifier, par tous ses gestes et par
toutes ses paroles : « Ne nous irritons pas ; ne gâtons pas ce moment de notre
vie. » Est-ce donc bonté évangélique ? Non. Je ne pousserais point jusque-là ;
il arrive que la bonté est indiscrète et humilie. La vraie politesse est plutôt
dans une joie contagieuse, qui adoucit tous les frottements. Et cette politesse
n'est guère enseignée. Dans ce que l'on appelle la société polie, j'ai vu bien des
dos courbés, mais je n'ai jamais vu un homme poli.
8 mars 1911
Alain, Propos sur le bonheur (1928) 179
Propos sur le bonheur (1928)
LXXXV
Platon médecin
4 février 1922
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Gymnastique et musique étaient les deux grands moyens de Platon
médecin. Gymnastique signifie travail modéré des muscles sur eux-mêmes, en
vue de les étirer et masser intérieurement selon leur forme. Les muscles
souffrants ressemblent à des éponges chargées de poussière ; on nettoie les
muscles comme les éponges, en les gonflant de liquide et en les pressant plus
d'une fois. Les physiologistes ont assez dit que le cSur est un muscle creux ;
mais, puisque les muscles enferment un riche réseau de vaisseaux sanguins,
qui sont alternativement comprimés et dilatés par la contraction et le
relâchement, on pourrait bien dire aussi que chaque muscle est une sorte de
cSur spongieux dont les mouvements, précieuse ressource, peuvent être réglés
par volonté. Aussi voit-on que ceux qui ne sont point maîtres de leurs muscles
par gymnastique, et que l'on appelle les timides, sentent en eux-mêmes des
ondes sanguines déréglées qui se portent vers les parties molles, ce qui fait
que tantôt leur visage rougit sans raison, tantôt leur cerveau est envahi par un
sang trop pressé, ce qui leur donne de courts délires, tantôt leurs entrailles sont
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